Prix Nobel de la paix en 1986, Elie Wiesel était rescapé des camps d'Auschwitz-Birkenau.

Son récit, “La Nuit”, fut un témoignage important pour rappeler ce que fut l'horreur de la Shoah.

 

Dans Un Juif, aujourd’hui. Récits, essais. Dialogues(éd. Du Seuil, 1977), Elie Wiesel résumait ce qu’il n’a cessé de proclamer durant tout son parcours intellectuel : il y a le monde d’avant les camps d’extermination nazis et celui d’après, l’Holocauste constituant une césure ineffaçable. Et, selon lui, le devoir de tout juif était d’entretenir le souvenir à la fois pour lui-même et la conscience collective. « L’Holocauste, regrettait-il,n’évoque plus le mystère de l’interdit ; il ne suscite plus ni crainte ni tremblement, ni même outrage et compassion ».

Né à Sighet le 30 septembre 1928, en Roumanie actuelle, Elie Wisel est décédé le 2 juillet 2016, à l’âge de 87 ans. Libéré de Buchenwald par les Américains en 1945, après avoir été à Auschwitz-Birkenau, où il perdit ses parents et l’une de ses trois sœurs, il vint ensuite en France, y apprit le français  et suivit des études de philosophie à la Sorbonne. Son récit, La Nuit, paru en 1955 aux Editions de Minuit (premier d’une trilogie qui comprend L’Aube en 1960 et Le Jour en 1961) précédé d’une préface de François Mauriac, était précisément né de la rencontre avec celui-ci. Venu recueillir le témoignage de Mauriac qui évoquait ses souvenirs de l’Occupation et notamment les enfants dans les wagons à destination des camps de la mort, Wiesel répondit : « Je suis l’un d’eux ». François Mauriac, dans sa préface à La Nuit, écrivit qu’il avait lu « La mort de Dieu dans cette âme d’un enfant qui découvre d’un seul coup le mal absolu ».

Essais, romans, pièces de théâtre, Elie Wiesel a toujours tenu, dans son parcours intellectuel, à rester le porte-parole des victimes de la Shoah, pour en rappeler l’horreur et, surtout, pour qu’elle ne disparaisse pas des consciences. Naturalisé américain en 1968, prix Nobel de la paix en 1987, témoin au procès Barbie en 1997, Docteur honoris causa d’une myriade d’universités, il fit aussi l’objet de vives critiques. Cible idéale pour les négationnistes qui doutaient de l’authenticité de son témoignage, il lui fut aussi reproché son soutien à l’intervention américaine en Irak de 2003, et surtout fut accusé par Norman G. Finkelstein, dans son pamphlet L’Industrie de l’Holocauste : réflexions sur l’exploitation de la souffrance des Juifs, de soutenir le sionisme. Wiesel soutint effectivement des colons israéliens ultra en 2014. Infatigable messager de la mémoire de la Shoah, Elie Wiesel restera avant tout, avec La Nuit, l’auteur d’un livre qui fit date dans la littérature concentrationnaire.